Mon ★650B★ TerroT

Résurrection d'un vétéran

650b velo TerroT 2011 Janvier 2011. Un jour que je rentrais de l'école avec ma fille, il était là agonisant dans la haie, attendant le passage des éboueurs qui de toutes manières ne l'auraient pas emmené.
Donc, l'entendant pleurant, gisant, je le regarde, ne dit mot parce que des passant pourraient me voir m'apitoyer sur le sort de ce vieux là. Alors je revint le soir, après avoir couché ma fille, quand la nuit est déjà bien jaune des lampadaires. Je le regarde, l'écoute. Il vit encore. Retient son souffle. Un homme est là, peut être son sauveur. Et moi, con que je suis toujours trop bon, lui sert la patte, lui sert les freins, lui tord les rayons. Pas grand chose, quelques rayons cassés, une roue voilée, des freins usés. Je l'emmène, et il roule (bon je pousse à coté quand même, je n'ai pas le culot de m'asseoir dessus).
Je le laisse finir son hiver en compagnie d'autres vélos dans le garage de l'immeuble, et au printemps, le ressort, change les rayons cassés, les patins.
Sa selle en cuire est dure et déformée, mais praticable. Pour finir, je la changerai pour une selle Idéale. Et au fur et à mesure que je l'utilise et le bichonne, je mesure son âge et son usure.
Le dérailleur arrière est un Simplex Prestige à chape fixée par le milieu. Cassé, je l'ai changé pour un modèle plus simple mais en état.
Le dérailleur avant a été ajouté plus tard, il s'agit d'un dérailleur Huret à parallélogramme.
Les freins sont des cantilever ne présentant pas les défauts de conception des cantilever VTT américains.
Les poignées de freins sont en haut et cintrés pour suivre le guidon, ce qui est pratique pour la pratique du cyclotourisme parce qu'on ne passe pas son temps plié en deux.
Les roues en 584mm sont à fixation papillon. La dynamo et les phares… je vous laisse regarder les photos. Le phare avant était cassé, mais j'avais le même modèle dans ma cave.
La serrure sur le cadre, et la sacoche sous la selle (que je ne peux pas fixer sur la selle Idéale)
Le cadre est marqué "TerroT" "Tube Spécial allégé Peugeot"… Les derniers TerroT datent du tout début des années 70. Ça laisse songeur.
Un 650B, c'est un peu comme un DC3. Chargé de souvenirs des paysages parcourus, rapide et confortable. Si on l'écoute, si on le regarde nous raconter, on en a pour des heures et des heures. Sa sonnette est rauque, son pédalier craque, ses jantes sont marquées par le poids des kilomètres. Mais il roule et va bon train.

Annectote : En roulant sur la digue de l'Isère, pour revenir du boulot, je rattrape un carbone tout neuf (c'est à dire un vélo de moins de 20 ans). Je roule avec le gars. 30-35km/h sur 20km. Le gars regarde son compteur, regarde le vélo. Regarde son compteur, regarde le vélo. Puis me dit "Y'a un bruit, mais j'entend pas d'où il vient." Alors je lui répond "vous savez, le vélo a 40 ans, on peut pas trop lui en vouloir de râler un peu." 30-35 km/h à 40 ans qui l'eu cru ?

Les 650B ne sont pas morts, en fait. Il reste une irréductible Confrérie des 650B.

Réstauration du 650B

650b terrot 2012 automne 2012 : j'ai commencé à le retaper un peu, car il faut qu'il freine en descente sous la pluie, et qu'il m'emmène au boulot. J'ai du acheter les outils pour démonter la roue libre.
J'ai refait le dérailleur presque comme d'origine à partir d'un autre Simplex Prestige,
J'ai changé les roues en achetant deux cerceaux Ambrosio "Confrerie des 650B" et en rayonnant (une première pour moi !). J'ai ainsi pu garder mes moyeux Normandy et avoir des jantes double paroie. J'ai même mis des rayons DT Suiss. Comme les pneus étaient déformés, j'en ai profité pour mettre des beaux pneus…
j'ai retapé les machoires de frein et ajouté une rondelle sur la vis. Bizarrement il n'y en avait pas alors que tout indiquait qu'il en fallait une. J'ai taraudé les poignées de frein pour ajouter des vis de tension des câbles (le luxe !)

restauration 2019

Comme depuis 2012, j'ai pas mal roulé avec, et qu'entre temps j'ai trouvé des pièces (des épaves) d'autres vélos haut de gamme, je voulais le monter avec des pièces et refaire ce qui s'est usé.

Galerie Photo

Le 650B : une petite mise au point s'impose.

Ça fait maintenant 2 ans que j’ai mon 650b, et j’ai entendu et lu autant d’âneries dans un sens que dans l’autre. Alors, je me disais, une petite mise au point s’impose.

Pour certains, le 650B est le seul vélo (vélo droit !) apte au cyclotourisme et cyclo camping sur route. Pour d’autres, le 650B n’est qu’un cadre course avec des pneus plus gros. Le matériel est introuvable scande le Contre ! – Faux, on fabrique des petites séries de bonne qualité répond alors le Pour. Et puis quoi encore ? La selle, le guidon, et tout ? Surtout le cycliste, probablement.

Pour comprendre les 650, revenons-en au besoin.
On parle de cyclotourisme, ou de cyclocamping. Il était une époque où la voiture était rare, et les gens se déplaçaient en vélo. On concevait donc des vélos faits pour rouler longtemps à un rythme soutenu sur les mauvaises routes des années 50-60 (voir avant). La géométrie du cadre était adaptée à cette pratique, le guidon (avec les freins cyclo), la selle, etc. Comme c’est un vélo fait pour être chargé et par tous les temps, on préfère un vélo un peu plus lourd, mais robuste et pratique à charger. Il se fait qu’à cette époque-là, la taille de roue standard était 584mm avec des gros pneus : le 650B. Cette taille de roue vient tout simplement du fait qu’avec des gros pneus, les vélos conviennent au plus grand nombre compte tenu de la taille moyenne de la population Française de l’époque et de la position idéale sur le vélo, donc la forme, la géométrie, et l’équilibre du cadre. Les vélos de courses, eux, étaient inconfortables, avec des boyaux plus grands : semblables à ceux d’aujourd’hui.

Et puis la voiture s’est imposée, et on oublia la pratique du vélo au-delà de quelques heures. Quelques bonhommes, bien sûr, ont continué les longues traversées et donc à comprendre l’intérêt du 650B, mais globalement, le besoin ayant changé, les gens s’en sont détourné.

Donc, soyons claire : l’intérêt du 650B n’est pas intrinsèquement dans la taille des roues. Il est tout à fait possible de se monter un bon vélo de rando avec des roues de VTT, voir de vélo de course si on est assez grand. Encore faut-il trouver des roues adaptées, et trouver des roues qui ont un bon rendement, et qui supportent la pression n’est pas facile en 559 (26" VTT), et trouver des roues solides qu’on peut charger n’est pas facile en 622 (700C course). Passons.
Mais si on pense au VTT : les commerciaux ont agrandi la taille des roues à 622 parce que le 559 ça rame, et comme ils sont aperçu que c’est trop grand avec les gros pneus, dans les années 2000 ils ont réduit la taille pour choisir… tatatam… 584mm ! Comme quoi cette taille ne tombait pas du ciel, au hasard d’un lancé de dés !

Quant au cadre : le cadre de VTT est fait pour faire du VTT, le cadre course est fait pour faire la course. L’un comme l’autre ne sont ni confortable, ni fait pour rouler longtemps. Amusez-vous à charger un vélo de course, et si vous ne cassez pas rapidement le cadre ou les roues, vous verrez que les virages sont moins rigolos. Les cadres VTT supportent bien la charge, mais quelle horreur de rouler là-dessus. On n’avance pas, on est mal assis. Beurk.

Alors bien sûr, il existe des fabricants, souvent artisans, qui fabriquent des vélos adaptés à la même pratique qu’on avait avant, mais avec du matériel moderne. On se retrouve avec des bonnes roues 559 sur un cadre confortable et solide, qu’on peut charger : un 650B sans les roues 650B.

Mais dans l’histoire du vélo, le seul vélo qui a été massivement produit pour la pratique du cyclotourisme et cyclocamping, c’est le 650B. Il est stable chargé, il roule presque aussi vite qu’un vélo de course, il est adapté à tous les temps, l’équipement est simple et normalement solide. Il ne rechigne pas dans les côtes, ni dans les chemins. Ses accessoires sont adaptés. Par exemple, le guidon est légèrement replié vers le haut pour un confort accru (regardez mon TerroT). Et tout plein de petits détails. Au fil du temps, quand les 650B ont cédé la place aux 700C, leurs composants ont été remplacés par des composants de course, et ont perdu leur avantage : selle plus dure, guidon course à plat, poignées de frein course, frein de course voir tirage latéral !, et cadre inconfortable. Les vrais 650B, donc, ont été produits avant 1980 voire 1975, dirons-nous.

Mais pour celui qui a ce besoin de rouler longtemps, confortablement, et chargé, trouver un vieux 650B et le retaper peut être une occasion de voir qu’on faisait des bons vélos autrefois, confortables, rapides, et solides, et solides pour longtemps ! Cela vaut toujours mieux qu’un vélo mi-course mal adapté, un VTT inconfortable, lourd et lent, ou je ne sais quelle bidouille pour augmenter la marge.

Mais pour mettre tout le monde sur le dos j’ai envie de dire : vitesse, confort, longue distance : mettons-nous au vélo couché !

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